L’eau est une ressource précieuse qu’ALTIS gère sous plusieurs formes sur le territoire de la commune de Val de Bagnes : eau
potable, eau d’extinction, eaux usées, eaux claires, eau d’enneigement ou eau d’irrigation. Parmi les activités les plus impactées, l’agriculture figure en bonne place. Arroser champs et cultures requiert de plus en plus d’or bleu, notamment à cause des changements climatiques qui posent d’importants défis en matière de gestion de l’eau d’irrigation. « Nous constatons, de plus en plus, un phénomène de stress hydrique des prairies, explique Laurent Horvath, Innovation Manager chez ALTIS. La fréquence des
périodes de sécheresse et de pluies torrentielles s’accélère. Nous faisons donc face à des situations où nous devons gérer soit un trop-plein, soit un trop-peu d’eau. Cela devient de plus en plus complexe pour les agriculteurs ainsi que pour les gestionnaires de l’eau. »
De la neige à la fourchette
Le défi pour ALTIS réside dans le monitoring de son réseau d’irrigation. Et pas seulement de la quantité d’eau utilisée pour l’arrosage, mais également de celle stockée dans les réservoirs et les flux disponibles. Laurent Horvath poursuit : « Nous sommes en train de développer un outil qui nous permettra de mesurer les volumes d’eau présents dans les sources, les lacs, les torrents, afin de connaître notre capacité à remplir nos réservoirs, où des capteurs seront également installés. A partir de là, nous suivrons le parcours de l’eau jusqu’aux cannes d’irrigation. Nous aurons ainsi un aperçu de l’état de nos conduites, passablement âgées pour
la plupart, et pourrons remplacer celles qui doivent l’être. L’enjeu est d’avoir une vision globale du réseau et de la quantité nécessaire à la production agricole, de la neige à la fourchette en quelque sorte. »
La technologie au service des agriculteurs
Sur le terrain, les agriculteurs sont les premiers concernés et impactés par la problématique de l’eau d’irrigation. Afin de les aider à optimiser l’arrosage de leurs champs, un projet novateur a été mis sur pied à la suite du BlueArk Challenge 2020 : ODILE. Piloté par ALTIS, il réunit des partenaires privés – les entreprises Hydrolina et Orbiwise – et académiques – le Centre alpin de hytogéographie, à Champex-Lac, et le Global mountain biodiversity assessment de l’Université de Berne, tous deux affiliés au Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne de l’Université de Lausanne, ainsi que le Canton du Valais. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, qui par des outils technologiques et d’analyse de données, qui par sa connaissance de la végétation alpine. « L’objectif du projet ODILE est d’optimiser l’utilisation de l’eau d’irrigation, d’essayer de diminuer le temps passé par les agriculteurs dans cette tâche, tout en maintenant ou augmentant la productivité des cultures », résume Laurent Horvath. Grâce à une combinaison de données fournies par des capteurs d’humidité placés dans le sol et par des images satellites, l’outil sera en mesure de déterminer le
moment idéal pour arroser les champs ainsi que la quantité optimale d’eau à utiliser pour favoriser une meilleure croissance des prairies. A terme, l’application ODILE devrait permettre un pilotage automatique des cannes d’irrigation, sous le contrôle des agriculteurs. En résulteront pour ces derniers une meilleure maîtrise de leur production ainsi qu’un gain de temps considérable. « L’irrigation des champs représente un véritable défi logistique pour les agriculteurs. Certains d’entre eux exploitent plus de 100 parcelles. Avec le projet ODILE, nous voulons leur simplifier la vie. » Six agriculteurs entremontants participent à la phase de test qui démarre ce printemps avec l’équipement de parcelles sur les communes de Val de Bagnes, Orsières et Liddes. Les premiers
résultats sont attendus en fin d’année
Le réseau d’irrigation de Val de Bagnes en chiffres
- 1000 hectares de prairies cultivables irrigués
- Plus de 230 kilomètres de conduites
- 4500 cannes d’irrigation
- 18 réservoirs et 2 lacs d’altitude
- 15 prises d’eau sur torrents
- 14 dessableurs