Les distributeurs ont communiqué leurs tarifs 2023 il y a quelques semaines. C’est la douche froide pour les consommateurs…
L’augmentation des tarifs annoncée pour l’an prochain est le reflet de la situation tendue qui frappe le marché des énergies depuis l’automne 2021 et la reprise post-covid. Vous ajoutez à cela la flambée du prix du gaz liée au conflit en Ukraine, l’indisponibilité de la moitié du parc nucléaire français, d’autres centrales qui ont tourné au ralenti en raison des fortes chaleurs, et des faibles précipitations qui ne favorisent pas l’hydroélectricité. Tous ces facteurs cumulés sont à l’origine de la crise que l’on vit aujourd’hui.
N’y avait-il pas moyen de voir venir cette crise ?
Nous interagissons dans un marché européen complexe. A l’exemple de la Bourse, des événements imprévus peuvent bouleverser le marché du jour au lendemain. C’est la même chose pour le marché de l’électricité. Il nous est impossible de prédire l’avenir. Notre
stratégie d’approvisionnement nous permet toutefois de limiter les risques.
Quelle est cette stratégie ?
Nous déployons une stratégie de couverture sur plusieurs années, en moyenne sur trois ans. Concrètement, cela signifie que le tarif d’électricité 2023 est fixé en fonction des achats d’énergie que nous avons effectués en 2020, 2021et 2022. Cet échelonnage nous permet d’atténuer l’impact des variations du marché et d’éviter les transactions spéculatives. Sans cette couverture anticipée, nos
tarifs énergie pour l’an prochain seraient deux à trois fois plus élevés. Nous réalisons ensuite des ajustements mensuels de notre couverture tout au long de l’année. Le pilotage de notre portefeuille se fait aussi quotidiennement. Heure par heure, nous achetons et vendons de l’énergie sur le marché pour équilibrer plus finement notre approvisionnement en fonction de nos couvertures et des
prévisions de consommation. Ces calculs et ces transactions horaires sur les marchés de l’électricité sont en grande partie automatisés grâce à l’intelligence artificielle développée dans notre division. Cinq personnes travaillent à remplir ces différentes
missions, avec un service de piquet 24 heures sur 24 tous les jours de l’année.
Le prix de l’électricité va-til continuer d’augmenter ?
Compte tenu de la situation actuelle, il est difficile de se prononcer, mais l’ensemble de la branche pense que les prix resteront à des niveaux relativement élevés les deux à trois prochaines années.
C’est donc le bon moment pour produire sa propre électricité ?
Produire son énergie à l’aide de panneaux solaires et l’autoconsommer est le meilleur moyen pour limiter sa note d’électricité. Le prix de reprise du courant photovoltaïque va d’ailleurs quasiment doubler l’an prochain, à 16,90 ct./kWh, ce qui permettra aux propriétaires de telles installations de rentabiliser plus rapidement leurs investissements. Mais le kilowattheure le moins cher
reste celui que l’on ne consomme pas. Diminuer sa facture est à la portée de tout un chacun, en adoptant des actions ou des gestes simples pour réduire sa consommation. Les deux exemples qui me viennent à l’esprit sont le remplacement des ampoules à incandescence par des LED, avec un potentiel d’économie de 90% par point lumineux, ainsi que le déclenchement d’appareils en veille ou en pause, qui peut représenter jusqu’à 10% de la facture annuelle d’un ménage.
Les trois composantes de votre facture d’électricité
Le prix du kWh ne dépend pas uniquement du prix de l’énergie. Il intègre également les coûts de transport ainsi que les taxes. (pourcentages 2023)
65 % ÉNERGIE
Il s’agit de l’électricité fournie, facturée selon votre consommation.
C’est cette part qui a entraîné une forte hausse des tarifs 2023.
25 % TRANSPORT
Cette part représente les frais d’acheminement de l’électricité, des centrales de production au consommateur final. Appelée aussi « timbre », elle est déterminée par les coûts de construction, d’exploitation et d’entretien des réseaux nationaux, cantonaux et régionaux.
10% TAXE ET REDEVANCES
La taxe pour la promotion des
énergies renouvelables et pour la protection des eaux et des
poissons est fixée chaque année par le Conseil fédéral, et
s’applique partout en Suisse. D’autres suppléments peuvent
s’ajouter au niveau cantonal et communal, qui servent notamment
à financer des projets
publics liés à l’énergie.