Une équipe de recherche au service de l’eau

Elle dirige le laboratoire STREAM, installé dans les locaux d’ALTIS au Châble depuis avril 2024. Cette antenne académique de la HES-SO Valais-Wallis développe des solutions numériques pour mieux gérer les ressources en eau.

Votre équipe œuvre au troisième étage de Curala, à côté des ingénieurs du réseau d’eau et du Pôle d’innovation BlueArk Entremont. Un endroit stratégique ?

Oui, la volonté est de regrouper les équipes concernées par les enjeux de l’eau. STREAM est le fruit d’un partenariat entre BlueArk et la HES-SO Valais-Wallis. Même si chaque entité a ses projets propres, cette cohabitation est précieuse. Notre travail de recherche sert aux gestionnaires du réseau d’eau. Les côtoyer nous permet de comprendre leurs besoins et de vérifier si nos outils sont pertinents.

On ne peut pas dire que STREAM ressemble à un laboratoire…

En effet, comme nous travaillons principalement avec du matériel digital et des modèles mathématiques, les ordinateurs suffisent. C’est pourquoi on ne voit pas d’appareils sophistiqués ni de pipettes. Il s’agit davantage d’une antenne académique que d’un laboratoire au sens strict.

Sur quoi avez-vous travaillé ces six premiers mois ?

La première étape consiste à connaître les caractéristiques et les capacités du réseau d’eau du val de Bagnes. Nous travaillons sur la création d’un modèle simplifié, pour mieux distinguer les parcours de l’eau potable et de celle d’irrigation. En parallèle, nous collectons des données sur l’évolution du niveau de la nappe phréatique. Ces mesures vont notamment servir à analyser le potentiel d’exploitation géothermique des eaux souterraines au Châble.

Quel est votre profil et celui de vos collègues ?

Je suis diplômée en mathématiques appliquées en informatique de l’Université de Grenoble et je me suis spécialisée dans le domaine de l’environnement. Dans notre équipe, nous avons un hydraulicien, François Mettra, originaire de Grenoble, une ingénieure en mathématiques, Fanny Terretaz, du Levron, et un spécialiste en données digitales, Pierre Ferrez, de Verbier. Le but de la structure est aussi de créer des emplois dans la région.

À quoi vont servir les outils digitaux que vous développez ?

Actuellement, l’approvisionnement en eau se gère de manière manuelle, à l’échelle saisonnière, avec l’expertise des professionnels du terrain et les connaissances acquises par l’expérience. Il manque des données pour anticiper certains phénomènes, comme les changements climatiques et hydrologiques, ainsi que les nouvelles habitudes de consommation que cela va entraîner. Les outils que nous développons doivent permettre d’avoir une vision plus globale du réseau, afin de mieux planifier et répartir les ressources en eau de façon durable. Conçus d’abord pour le val de Bagnes, ils pourront ensuite être utiles à d’autres régions suisses et européennes.

Auriez-vous un exemple ?

Dans le domaine de l’agriculture, on pourrait mieux anticiper la gestion de l’eau en période de sécheresse et améliorer l’automatisation. Ceci permettrait de répartir l’eau d’irrigation disponible entre les différents acteurs, selon les heures de la journée et la capacité du réseau, afin de mieux répondre à leurs besoins.

« Conçus d’abord pour le Val de Bagnes, les outils développés ici pourront ensuite être utiles à d’autres régions suisses et européennes. »

Est-ce que vos modèles permettront de prédire des dangers naturels liés à l’eau, comme les laves torrentielles de cet été ?

Non, la majorité de ces phénomènes extrêmes restera imprévisible. Mais les modèles développés par STREAM pourront aider à prévenir les risques, notamment à améliorer les réactions aux sécheresses, qui sont considérées comme des dangers naturels.

Pour un réseau fiable, résilient et pérenne

Les premiers bénéficiaires des recherches menées par le laboratoire STREAM seront ALTIS et les habitants de la commune de Val de Bagnes. « Leur travail va nous offrir une vision plus large, avec la possibilité d’identifier des problématiques que nous n’avons pas encore dans le viseur », résume Alexandre Gillioz, responsable du département Eaux-Énergies chez ALTIS.

Il se trouve que les infrastructures du réseau d’eau bagnard sont équipées de plusieurs centaines de capteurs, qui enregistrent des données en continu depuis plus d’une dizaine d’années. Il y a là un abondant matériel, qui ne demande qu’à être exploité et valorisé. Les chercheurs vont s’en saisir pour développer des modèles numériques et aider à relever les défis futurs des réseaux d’eau potable, d’irrigation et d’assainissement.

« Nous voulons profiter de ces outils pour assurer la fiabilité et la résilience du réseau à long terme », ajoute Alexandre Gillioz.

Fabio Mazzucco, ingénieur en innovation de l’eau chez ALTIS, voit aussi dans la contribution de STREAM l’opportunité d’acquérir de nouvelles connaissances sur le fonctionnement des sources et des nappes d’altitude. « Nous ne savons pas grand-chose des eaux souterraines, alors que la moitié de l’approvisionnement de Verbier en dépend. On pourrait créer une méthodologie pour mieux les comprendre et développer un savoir-faire utile à d’autres sociétés d’exploitation. »

Les spécialistes de BlueArk et d’ALTIS sont déjà en contact avec des compagnies françaises et italiennes sur ces questions. Les découvertes et travaux de l’équipe STREAM sont donc attendus bien au-delà des frontières bagnardes.

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